samedi 1 décembre 2012

Vivre, quatrième année...

1929, Vivre double donc son rythme de publication (24 numéros au lieu de 12), et influence considérablement le débat public, notamment avec la mise sur le tapis de la question de la nudité, qui suscitera bien des polémiques, et fera même interdire la revue dans les kiosques parisiens...


-La grande hypocrisie :
Cette interdiction (prévue par Kienné de Mongeot et ses collaborateurs) mettra en lumière (mais en était-il besoin?) la grande hypocrisie qui règne sur le « monde » : on supporte fort-bien le déshabillé – surtout quand il rapporte- , mais la nudité simple et franche, elle, ulcère et affole.
Et pour cause : le retour à une santé holistique et naturelle par l'hygiénisme proposé par le Naturisme Intégral de toute la population mettrait bien à mal nombre d'intérêts financiers...
Alors autant, sans le Nu pour attirer l'attention des libidos asséchées, les préceptes naturistes sont inaudibles et ne dérangent donc personne... autant avec, la notoriété de l'hygiénisme devient « dangereuse »... (et ne rigolez pas : c'est toujours le cas aujourd'hui!)

-Naturisme Intégral et Christianisme :
En ces temps où la pensée religieuse dominait encore la mojorité des esprits, nombre de plumes s'en prendront à la « doctrine » de Vivre, l'accusant d'être d'essence maçonnique et anti-chrétienne, visant à pervertir l'humanité entière en l'encourageant à sombrer dans la bestialité la plus libidineuse...
Bien entendu, ces accusateurs n'ont pas lu ni étudié l'objet de leurs attaques, car au contraire de vouloir détruire le christianisme, les rédacteurs et ligueurs de Vivre, en grande majorité catholiques et protestants, soutiendront dans le Naturisme Intégral les préceptes parfaitement chrétiens, et affirmeront même que le Naturisme Intégral est une voie fidèle à l'enseignement de Jésus (théologie de la libération avant la lettre !)*, libérant les corps, les âmes et les esprits de leurs distorsions morbides...
En revanche, si le Naturisme combat bien une chose, ce n'est pas le christianisme en lui-même, mais le dualisme qui l'a infecté (exécration du corps et de "la chair", abomination de ses fonctions les plus nobles sans qui la vie n'existerait pas !), représenté par les ligues puritaines et janssénistes qui, névrosées elle-mêmes, propagent des conceptions pathogènes qui rendent le monde malade tant sur le plan physiologique que sur le plan psychique... (nous aurons à y revenir prochainement)

-Nudisme et Éducation Sexuelle :
Si le nudisme est aussi important dans le Naturisme Intégral, c'est qu'il participe pleinement à l'éducation sexuelle, éternelle victime du tabou puritain (tenant d'un dévoiement idéologique de la démarche "spirituelle" et non de la raison), et qui est enfin abordée cette année dans le programme de régénérescence de Vivre.
Le Dr Pierre Vachet affirme et démontre que le tabou corporel et l'omniprésence des vêtements « cache-sexes » créent chez les individus un complexe qu'il nommera « inquiétude sexuelle » (curiosité exacerbée et obsédante, qui peut se teinter d'un profond mépris pour le sexe, et l'autre sexe notamment), et qui ne serait pas anodine si elle n'était pas la cause directe de nombreux troubles psychologiques, conduisant jusqu'aux crimes que sont le viol et le meurtre passionel. Au contraire, la simple nudité, si elle est nécessaire physiologiquement, l'est tout autant socialement, car elle apaise l'individu en dissolvant purement et simplement cette "inquiétude" corrosive et angoissante, ce faux "mystère" autour duquel tout le monde phantasme et élabore ses interprétations dénaturées.Car en donnant à voir le corps dans sa réalité intégrale, la nudité contribue à en intégrer dans la normalité et tout naturellement ses dimensions sensuelles et érotiques qui ne s'expriment pas "nécessairement" en "actes" sexuels !
La preuve en est encore donnée par l'exemple des peuplades nues, ou les mœurs sont bien plus simples, saines et franches que chez leurs sœurs (récemment) habillées, ces dernière découvrant par le biais des vêtements tous les travers obsessionnels et diabolisants de notre « glorieuse » civilisation...

-Alimentation et « sexualité » :
Mais encore une fois, tous les collaborateurs de la revue l'affirment, le répètent inlassablement : la nudité seule ne peut être une panacée, et elle doit s'accompagner d'une hygiène générale : il est énormément question d'alimentation saine dans la revue, avec un idéal frugivore marqué, bien que difficilement accessible pour tous, du moins du jour au lendemain.
Et si les auteurs insistent autant sur ce sujet, ce n'est pas seulement pour le bon fonctionnement de l'organisme, mais aussi parce que le mode d'alimentation a un effet direct sur notre manière de vivre, de penser, de ressentir... et donc également sur notre « instinct génésique » : nombre de nos aliments et leurs condiments sont reconnus pour être aphrodisiaques... or, comment retrouver la paix des sens et de l'esprit si l'excitation sensorielle (et,de fil en aiguille "sexuelle") se trouve constamment émoustillée par l'absorbtion d'aliments "échauffants" ?

-Alors en conclusion,
nous rappellerons simplement, à la suite de l'esprit de Vivre, que tout en nous se tient, et que rien ne doit être écarté de notre compréhension de nous-même si l'on veut retrouver notre équilibre interne, notre épanouissement et notre plénitude de vivre...



* D'ailleurs, le message de Jésus dans un monde baignant dans la pensée judaïque sclérosée n'était-il pas lui aussi un appel au retour au bon-sens et à la simplicité revitalisante de la Nature ?


Bonne lecture !

mercredi 14 novembre 2012

"Vivre" 3ème année...

Illustration de l'article "Annie, Annette ou Anna" extraite de Vivre n°31

Cette année 1928 se voit composée de 13 numéros, car le mois de décembre inaugure une publication bimensuelle de Vivre.
Comme l'expliquera Marcel Kienné de Mongeot, cette « intensification » répond à la demande d'un nombre croissant de lecteurs, mais permet également de publier les contributions de collaborateurs de plus en plus nombreux... ainsi que de répondre aux attaques faites à la revue et au mouvement du Naturiste Intégral, de plus en plus nombreuses elles-aussi, sur la question de la nudité en particulier... y compris au sein du mouvement naturiste lui-même!

L'ire générale que provoquera cette inocente question de la nudité sera sans aucun doute révélatrice du profond complexe qui imprègne et conditionne notre société.
La faute au christianisme ? Le Dr Fougerat de Lastours dément et condamne plutôt l'anté-diluvien puritanisme manichéen, avilissant le corps et particulièrement sa génitalité à la seule gloire de l'esprit, qui pollua l'enseignement des évangiles au point de l'inverser complètement.* (voire note en bas de post)


Est-ce dire que le Naturisme Intégral serait une réémergence du christianisme premier ? Les auteurs de Vivre, s'il ne l'affirment pas ainsi ne sont pour autant pas loin de le penser, d'ailleurs :
la morale, sensée assainir la société, ne réalise-t-elle pas l'exact opposé par les conséquences indirectes de ses règles contre-nature ?

Une nouvelle étonnante viendra donner du crédit à cette opinion :
Un fonctionnaire colonial britanique en polynésie osera faire cette demande à sa hiérarchie : autoriser à nouveau la nudité pour les indigènes ! (Revue de Presse, Vivre n°26)
En effet, depuis 25 ans que leurs corps sont contraints de se couvrir perpétuellement, non seulement la maladie, la morbidité et la mortalité ont explosé**, mais pour couronner le tout, les habitants originels sont devenus pervers et les crimes passionnels, les viols ont explosé eux-aussi.

Le cas n'est pas isolé, loin de-là, car des lecteurs illustreront ce fait d'autres exemples du même tonneau, partout dans le monde où l'occidental et sa « mystique puritaine » imposera à celui qui a toujours vécu tel qu'il est né, ou presque, sa « convenable tenue ».

Alors ? Cette « scandaleuse » nudité ne vaut-elle pas bien mieux que nos conventions si « bienséantes » et prétenduement civilisatrices ?

Certes, elle ne suffit pas à elle-même à soigner entièrement une humanité moribonde, car les collaborateurs de Vivre ne se lasseront jamais de répéter en choeurs, elle doit impérativement s'accompagner d'une rééducation généralisée, physique, alimentaire... intellectuelle et spirituelle !

* Note de Michel Pivert:  À noter que tous les collaborateurs (essentiellement des médecins) qui viennent peu à peu se joindre à Kienné de Mongeot, sont issus et imprégnés des valeurs de la culture chrétienne. Leurs prises de position, si elles s'opposent avec véhémence aux dogmes dévoyés et aliénants des Eglises institutionnelles, s'appuient fortement sur une relecture  des enseignements originels de Jésus.Et ceci se confirmera de numéro en numéro. C'est là d'ailleurs ce qui fait toute l'originalité du "naturisme" et du "nudisme" à la française : une libération de la Vérité de la Vie n'implique pas, loin s'en faut, un retour à un primitivisme d'ailleurs plus mythique qu'historique, ni à un paganisme débridé; elle se doit d'intégrer toutes les avancées positives de l'évolution culturelle et spirituelle de l'Humanité. Et la vision chrétienne du sens de la Vie, vers plus de conscience, vers plus d'intelligence, vers plus de compassion, vers plus d'Amour, en constitue une étape décisive.

**Les collaborateurs de Vivre rappelleront encore une fois que la peau est le 3ème poumon, le 3ème rein, le deuxième cœur et de la même substance embryonnaire que le système nerveux de notre organisme. « la peau du civilisé est un organe atrophié! (…) Un organe atrophié entraîne pour tout l'ensemble de l'organisme des conséquences fâcheuses. » Dr Pathault (Vivre n°32)

Vivre n°24 - 15 Février 1928
Vivre n°23 - 15 Janvier 1928
Vivre n°25 - 15 Mars 1928
Vivre n°26 - 15 Avril 1928
Vivre n°27 - 15 Mai 1928
Vivre n°28 - 15 Juin 1928
Vivre n°29 - 15 Juillet 1928
Vivre n°30 - 15 Août 1928
Vivre n°31 - 15 Septembre 1928
Vivre n°32 - 15 Octobre 1928
Vivre n°33 - 15 Novembre 1928
Vivre n°34 - 1er Décembre 1928
Vivre n°35 -15 Décembre 1928

Pour finir, quelques citations thématiques extraites de ces numéros :


Suivre la Nature :

-"Notre corps est une machine à vivre. Il est organisé pour cela, c'est sa nature; laissez-y la vie à son aise, qu'elle s'y défende elle-même; elle fera plus que si vous la paralysez en l'encombrant de remèdes." Paroles de Napoléon 1er, avant la bataille de Borodino – 1812 (Vivre n°23)

-"... essayons de voir rapidement de quel prix l'homme paie son adaptation aux excitations vitales anormales auxquelles il soumet sans interruption son organisme.
Il en résulte d'abord un cycle vital considérablement abrégé; la nature, violentée, réagit en poussant plus rapidement l'être néfaste vers le creuset de refonte organique." Dr Henri Balland (Vivre n°25)

- « Naturam si sequemur ducem nunquam errabimus »(« Si nous suivons la nature comme guide, jamais nous ne ferons fausse route ») Sénèque (Vivre n°26)

- « Natura non imperatur nisi parendo » (« On ne commande à la Nature qu'en obéissant à ses lois ») rappelé par le Dr Henri Balland (Vivre n°27)

- « Tout par la Nature, Rien en dehors de la Nature », Slogan de Monte-Verita (Vivre n°28)


De la Nudité, des vêtements :

-"Surtout, il ne faut pas croire que la nudité est notre seul but. Nous lui donnons beaucoup d'importance parce que nous considérons que l'hypocrisie morale et physique est le plus grand fléau de l'humanité, parce que nous voulons lui opposer la franchise, terrain producteur des plus belles moissons." Marcel Kienné de Mongeot (Vivre n°29)

- « L'organisme de l'homme est fait pour vivre dans l'atmosphère, il rentre donc dans son vrai élément en s'exposant à l'action de la lumière, de l'air et du soleil (...) L'homme ne naît pas avec ses habits, sa destinée est au contraire de vivre comme une plante mobile dans cette mer de lumière et d'air pur que nous appelons l'atmosphère. » Henri Nadel (Vivre n°29)

- « Le mystère excite de coupables pensées chez les hommes que toutes les gorges opulentes ou menues de leurs compagnes n'avaient jamais troublé plus que de raison. » Comte Festerties à propos des indigènes habillés (Vivre n°30)

- « Les vêtements détruisent et pervertissent l'amour naturel en exacerbant l'instinct sexuel." Marcel Kienné de Mongeot (Vivre n°32)

- « En ramenant notre existence à l'observance des lois naturelles, notre corps reconquérera la sensibilité des êtres primitifs; il redeviendra le récepteur précis du rythme de la vie qu'il conduira sans difficulté et sans heurts au cerveau. » Marcel Kienné de Mongeot (Vivre n°35)

- « Freud prétend, avec de justes raisons, que nous sommes des obsédés sexuels. C'est là, en somme, une vérité de M. de la Palice: l'obsession sexuelle normale étant indispensable à la continuation de la vie. Malheureusement, nous sommes surtout des super-obsédés sexuels, ce qui est grave. Et si nous le sommes, c'est parce que nous avons entouré de mystère l'acte de procréation (et les organes génitaux) que nous l'avons faussement idéalisé, détaché du rythme universel pour en faire une chose à nous, afin de satisfaire nos appétits de basses jouissances ainsi que nous nous servons trop souvent de notre cerveau, de ses merveilleuses facultés, pour satisfaire des besoins matériels, de vaines ambitions.

Il n'est pas niable que ce résultat est dû à notre manque de connaissance et de maîtrise de soi, que la nudité nous permettrai d'acquérir avec plus de facilité.

Tant que nous nous refuserons à une étude approfondie de notre être physique et mental, nous continuerons à être dominés tyranniquement par la passion génésique aberrée qui nous inspire en mal et fausse notre jugement. » Marcel Kienné de Mongeot (Vivre n°35)



De l'hygiènisme :

- « L'avenir de la médecine dépend plus de l'hygiène que de la thérapeutique » Metchnikoff (élève de Pasteur) cité par le Dr Mark Clément (Vivre n°28)

- « Le Naturisme devrait être une religion d'hygiène que tous devraient embrasser avec ferveur, surtout les femmes et les enfants. » Dr Mark Clément (Vivre n°28)

- « Pour bien comprendre la Vie, il nous faut des formes nouvelles de pensée » Dr Pathault (Vivre n°28)

- « La maladie est l'expression de l'effort de l'organisme pour éliminer ses toxines, quelle que soit leur nature, infectieuse ou autogène. La maladie aigüe est une "crise" d'élimination toxinique, la maladie chronique est un "état" d'intoxication chronique. » Dr Léon Vanier, cité par le Dr Henri Balland (Vivre n°29)

- « Le fond de la maladie, c'est l'intoxication des humeurs; l'organisme qui se défend cherche à jeter les poisons dehors; il essaie de les jeter dehors là où il peut. Chez l'un ce sera par la peau ou les muqueuses, chez d'autres par le foie ou le rein; une hémorragie aura ainsi la même valeur qu'une crise d'entérite, d'eczéma. Souvent ce que l'organisme a évacué par un organe et sous une certaine forme lors d'une première crise, pourra être évacué par un autre organe et sous une autre forme, lors d'une autre crise. » Dr Gaston Durville, cité par le Dr Henri Balland (Vivre n°29)

- « Les grands problèmes de la santé publique sont vraiment des questions de psychologie. » Dr Mark Clément (Vivre n°35)


-o-


… et ne manquez pas de lire l'éditorial du n°28 intitulé « La Tyrannie qu'exercent les perversions » que nous reproduisons spécialement ici :


Bonne lecture !


lundi 1 octobre 2012

"Vivre", deuxième année...

Introduction à la publication de la deuxième année de Vivre

Voici à présent les numéros de la deuxième année de publication de la revue Vivre, du n°11 du mois  de Janvier au n°22 du mois de décembre 1927.
C'est une année marquante, puisque forte de son succès, cette simple revue devient également la ligue de régénérescence physique et mentale, invitant tous les lecteurs à devenir militants et « propagandistes » de la cause naturiste.
Le contenu de la revue s'enrichit, ouvrant notamment la rubrique « Quelles sont vos opinions, vos idées ? » permettant aux lecteurs de participer aux réflexions dans un débat ouvert à la contradiction.

Il est impossible d'évoquer tous les sujets abordés dans les pages de cette deuxièmes année tant il y en a, cependant, deux grandes idées me semblent importantes à mettre en exergue, car elles permettent de comprendre en profondeur les motivations du combat naturiste :


Le Nu entre en scène

Dans la première année de Vivre, nous avions observé la place pour le moins anecdotique occupée par la nudité dans l'esprit des rédacteurs. Elle était certes recommandée pour faciliter les exercices physiques, mais elle était somme toute assez relative : « l'allègement » de la tenue sportive était plutôt de mise, se réduisant le plus souvent au « strict nécessaire », à savoir un caleçon et un maillot de corps, la nudité intégrale étant plutôt idéale qu'effective.
Il faut comprendre aussi qu'aux yeux de la morale pudimaniaque de l'époque, cette « petite tenue » était déjà scandaleuse. (Ce qui permet de rappeler que le maillot de bain est en soi une « victoire » du naturisme!)
C'est précisément dans ce contexte qu'est intenté en 1927 un procès contre le danseur et collaborateur de la revue, Malkovsky, procès finalement remporté par ce dernier, ayant pour motif la « nudité » affichée lors de l'une de ses représentations artistiques.
Marcel Kienné de Mongeot l'affirmera des années plus tard, ce procès moraliste fut un véritable coup de tonnerre qui, d'un seul coup, assembla toutes les idées de Vivre en une synthèse logiquement intitulée : le Naturisme Intégral.

Première réponse de Kienné de Mongeot aux pudimanes : « La nudité en elle-même, lorsqu'elle est belle, n'est jamais indécente. C'est l'esprit qui l'anime qui peut la rendre indécente ou encore celui qui la contemple. » (Vivre n°12)
Suivie de la même inspiration spirituelle : « La pratique du naturisme cadre, on ne peut mieux, avec la morale chrétienne. N'exige-t'il point la frugalité, la sobriété, la chasteté -dans le sens réel du mot-, l'amour de la vie simple et saine, le respect de soi-même qui implique le respect dû aux autres? Celui qui vit selon ces principes est charitable, parce qu'il aime ce qui est beau et que rien n'est beau comme d'apaiser les souffrances de ses semblables. » (Vivre n°17)

Car le nudisme enfin mis en avant est, ainsi que le sont toutes les autres disciplines du naturisme, une hygiène nécessaire à l'équilibre de l'organisme (tant physique que moral), permettant le contact essentiel des éléments naturels que sont l'air, la lumière solaire et l'eau principalement, avec leurs vertus dynamisantes, nutritives, dépuratives, curatives et régénératrices.

Le Dr Fougerat de Lastours, dans les articles extraits de sa thèse de médecine « L'Homme et la Lumière », analyse le spectre solaire, ses effets bénéfiques sur la peau* et l'ensemble des organes externes et internes, dont le système hormonal et endocrinien, pour tenter ensuite une compréhension de l'apparition de la morale pudimaniaque, qui se révèle être particulièrement pathogène, et même meurtrière.

Cette question de la nudité soulèvera nombre de réflexions parmi les lecteurs, parfois élitistes et sélectives, n'autorisant la nudité intégrale qu'aux seules « belles personnes », mais la réponse des rédacteur n'en sera que plus claire : certes elle est difficile, et nécessitera une application progressive pour les « générations d'atrophiés » que nous sommes, et certes, le beau, le sain et le vrai sont étroitement liés ; pour autant, la nudité étant une démarche thérapeutique, rééducative, elle doit être accessible à tous, et sa mise en application rationnelle et cohérente rendra chacun plus sain, plus vrai et plus beau !

« Le Nu fait partie du Naturisme intégral; son acceptation implique obligatoirement la pratique de tous ses autres principes: alimentation rationelle, exercice et hydrothérapie. L'équilibre physique et mental en est le résultat. » (Marcel Kienné de Mongeot, Vivre n°15)

*La peau, ainsi que nous le montrent les autres rédacteurs de la revue, est véritablement un deuxième cœur, un troisième poumon et un troisième rein, en plus de ses qualités sensitives propres.

-o-

Notre Espèce et nous

La mise en pratique du Naturisme intégral demandera à chacun plus ou moins d'efforts, de travail sur soi, de résistance aux tentations pathogènes, et face à un monde qui marche sur la tête, à une société qui ne veut rien entendre et qui court à sa perte, nous sommes en droit de nous demander : « -Finalement, à quoi bon ? »
Et à ceux qui seraient tentés de se laisser aller au naufrage, ou qui justifient leur habitudes néfastes par la coutumière réplique : « Je fais bien ce que je veux, puisque je ne fais de mal à personne ! », Kienné de Mongeot met en garde : « Faire tort à soi-même, c'est faire tort aux autres, à tous ! »(Vivre n°13) et d'ajouter plus sévèrement encore : « Celui qui (...) se manque de respect, nuit à la société en amoindrissant une de ses cellules: il se disqualifie et se met au ban de l'humanité. » (Vivre n°20)

Car pour répondre à l'individualisme-nihiliste qui ne voit plus aucune raison à notre existence que l'absurdité et le non-sens, le naturisme affirme clairement et fortement que nous avons la responsabilité de notre espèce, de son évolution :
En naissant, nous héritons du patrimoine de notre espèce humaine. Mais non seulement nous en sommes dotés, mais plus encore il nous est confié, afin que chacun en prenne soin, le régénère si besoin, et puisse en transmettre l'échantillon le plus sain possible aux générations à venir.
Et pour ce faire, il n'est pas inutile, loin de là, de porter un regard critique sur notre culture ainsi que sur l'éducation donnée au jeunes générations...

-o-

J'aurai envie de développer toujours plus ces points, et aborder ceux qui leurs sont intimement liés, comme la culture et l'éducation des enfants par exemple, mais il me paraît préférable de vous laisser découvrir tout cela dans les pages de cette deuxième année de Vivre.

Je concluerai par ces quelques mots définissant le Naturisme Intégral, empruntés pour les deux premiers au Dr Marcel Viard et pour les deux derniers à Marcel Kienné de Mongeot en les reformulant ainsi :


« Les fondements du Naturisme Intégral sont la sobriété et l'hygiène ;
le Naturisme Intégral est un acte de courage et de confiance... »


Bonne lecture !

Vivre n°11 - 15 Janvier 1927

Vivre n°12 - Février 1927

Vivre n°13 - Mars 1927
Vivre n°14 - Avril 1927

Vivre n°15 - Mai 1927
Vivre n° 16 - Juin 1927

Vivre n°17 - Juillet 1927
Vivre n°18 - Août 1927

Vivre n°19 - Septembre 1927
Vivre n°20 - Octobre 1927

Vivre n°21 - Novembre 1927
Vivre n°22 - Décembre 1927

dimanche 9 septembre 2012

"Vivre", première année...


L'ANEP (Association Naturienne[*] pour l'Epanouissement et la Plénitude de la Vie), l'association officielle qui anime ce blog, s'est constituée en 1986 autour de l'équipe rédactionnelle du magazine «La Vie au Soleil». Après avoir remis à flot ce média «historique» du Mouvement Naturiste fédéré, elle avait été évincée par un énième repreneur politiquement suspect (très proche du Front National).

Dès sa fondation, notre but a été de « restaurer, élargir et actualiser le concept de «naturisme» afin de disposer, au seuil du troisième millénaire, d'un projet novateur de culture humaine intégrale, de convivialité et de civilisation, acceptable par le plus grand nombre».

Et comme il est avéré qu'on ne peut efficacement se projeter vers l'avenir si l'on néglige de prendre appui avec réalisme sur le présent et sur ce qui l'a généré, c'est à dire ce «présent dépassé» qu'on appelle amnésiquement «le passé», je me suis tout particulièrement attaché à rassembler la mémoire de tout ce qui avait été pensé et expérimenté depuis les origines à propos de cette féconde alternative existentielle et culturelle qu'est, dans l'esprit, le Naturisme [*]. Notamment dans sa forme la plus holistique et avancée du Gymnisme (du grec gumnos : nu).

Qu'on ne se méprenne pas, il n'était pas question d'accumuler des «archives», vite empoussiérées et décrépies. Mais bien, dans mon esprit, de se donner les moyens d'aller explorer les racines de cette pulsion de Vie qui, par bonheur, résiste depuis l'aube des Temps historiques à toutes les tentatives d'étouffement ou de déroutement que les «bâtisseurs de Sociétés», les idéologues et autres forgerons de dogmes, ont tenté d'imposer ces derniers millénaires au cours de l'Évolution. Étant bien évident que si celle-ci, depuis quelques millions d'années, tente manifestement de passer par cette forme complexe et avancée qu'est l'être humain, elle n'en suit pas moins un cheminement constant, par delà les espèces qu'elle a successivement engendrées et privilégiées, vers plus de Conscience, plus d'Intelligence, plus de Créativité, plus de Socialité, et surtout, en dépit de ratées abominables, vers plus d'Amour !

Cette exploration m'a fait prendre conscience, de fil en aiguille, que les épisodes d'insoumission de cette «pulsion de Vie» rebelle n'étaient pas propres à notre époque moderne. Celle-ci, pourtant, bat tous les records historiques en force de répression; ou, plus machiavéliquement, depuis la mise au point de subtiles techniques de manipulation mentale, en moyens de détournement. A quelque niveau qu'elle tente de se manifester: physiologique, érotique, spirituel...Là où précisément elle présente le plus de risques de faire bouger les lignes des «ordres sociaux» établis. Et ce, en dépit d' apparences trompeuses savamment orchestrées par toute la Cour des prébendiers du Système !

De tout temps, aussi loin que puisse se porter le regard, des expressions  vigoureuses de refus de tous les carcans, des revendications massives de libertés élémentaires, ont jalonné l'Histoire. Et, en dépit des persécutions, elle les a malgré tout et heureusement, presque toutes consignées ! Surtout dans les périodes où des «normalisations» particulièrement abusives et contraignantes s'efforçaient de mettre en cage telle ou telle manière naturelle d' «être au monde». Et ces reniements organisés par les «pouvoirs» en place, avaient presque toujours trait au corps, à sa nudité, aux diverses expressions de sa vitalité. Ainsi, au Bas Moyen-Age, les Adamites, les Frères et Sœurs du Libre Esprit, parmi bien d'autres, en portent spectaculairement témoignage.

Le Naturisme, notamment dans sa forme gymnique, s'inscrit manifestement  dans cette ligne comme la ré-émergence moderne de ce courant éternel de résistances essentielles, consubstantiel à la Vie et sous-jacent à l'Histoire de toute l'Humanité.
C'est bien pourquoi il déchaîne contre lui tant de haine et de vindicte unanimes de la part des «autorités» instituées, laïques comme religieuses -quelqu'en soient les fondements idéologiques ou «culturels» !- qui tiennent en main les cordons de la camisole de force où suffoque la Vie en l'Homme ! Pour le «profit» quasi-exclusif d'une classe parasite (devenue hélas aujourd'hui planétaire !), obnubilée par les seuls «attraits» matérialistes et quantitatifs de l'existence.

Notre entreprise est donc claire. Elle tient en quelques objectifs : suivre à la trace cette révolte latente à travers les âges et les cultures; en contre-point, identifier les déviances-clés qui en sont la  cause; à partir de cette information, tenter de dégager par où, en l'Homme, passe la voie naturelle de l'Evolution; suggérer les réformes existentielles individuelles et sociétales susceptibles de nous en faciliter le rapprochement; parallèlement, créer ou encourager des espaces du quotidien où ce retour au Sens primordial de la Vie puisse se vivre réellement et pleinement.

Ce n'est donc pas gratuitement ni à titre purement «documentaire» que nous entreprenons aujourd'hui la mise en ligne de nos collections. A commencer par la plus novatrice et fondatrice de toutes, celle de la revue du Père du mouvement naturo-gymnique en France (Marcel KIENNE de MONGEOT) : «Vivre d'Abord !».
 Au fil de ces 412 numéros (le premier sorti le 15 Mars 1926, le dernier le 15 Mars 1962), nous découvrirons ensemble le cheminement d'une pensée qui se proposait de «mettre des mots» sur tous les aspects de cette aspiration viscérale au «vivre». Pensée d'une brûlante actualité au seuil de la plus explosive crise qu'auront jamais connue les Sociétés humaines et qu'essaye de temps à autre, parfois avec une insigne ignorance et beaucoup de maladresse, de maintenir à flot le Mouvement Naturiste officiel.

Les textes publiés vous feront rencontrer des «plumes» qui ont eu leur temps de notoriété à l'époque: beaucoup d'auteurs littéraires, beaucoup de médecins, beaucoup d'acteurs de la vie sociale,   artistique et culturelle du moment. Vous ne manquerez pas de remarquer qu'aucun n'éprouvait de honte à parler ouvertement de nudité, de sensualité, de beauté, de sexualité, de réforme des mœurs et des codes sociétaux !... Jamais de «pseudos», comme de nos jours où, a contrario de la prétendue «transparence» des réseaux sociaux, bien peu de «communicants» osent s'afficher à visage découvert sur des sujets réputés «délicats». Les Anonymus, on ne connaissait pas !
A ce propos, nous venons d'apprendre que l'Ordre des Médecins, hier en pointe dans la défense et l'illustration des options naturistes (gymnisme compris), sanctionne désormais ceux de ses adhérents qui auraient l'audace de signer de leur nom de praticien tout le bien qu'ils pourraient  encore avoir envie de dire à leur égard...

Vous serez également étonnés de la «jeunesse», de l'universalité et de la permanence des analyses et des thèses soutenues. Comme quoi, il y a bien un éternel humain qui transcende toutes les pseudo-modernités, toutes les races, toutes les cultures, tous les niveaux de savoir et de technologie...

Et c'est bien pour refonder la pensée naturiste sur les constantes incontournables de la Vie et du phénomène humain que nous entreprenons cette diffusion. A «Vivre d'Abord !», nous appelons cela les fondamentaux du Naturisme...

Nous essaierons de nous en tenir au rythme d'une série par mois; chacune portant sur une dizaine de numéros[**]. En effet, la périodicité de «Vivre» a été variable. L'année calendaire a vu fluctuer le nombre de numéros de 4 à 24 au cours des 26 années d'existence du magazine... Ainsi fut-il d'abord mensuel de 1926 à 1928 (période de lancement des idées et des options naturistes auprès du Public). Puis, il devint bimensuel de 1929 à 1935 (montée en puissance du mouvement dans toutes les classes sociales). Pour redevenir mensuel jusqu'en 1939 (avec la Crise, les consensus sociaux tendaient à se fissurer). A sa reparution au Printemps 1946 et jusqu'à fin 49, il se cherchera dans la trimestrialité. Mais avec la renaissance d'un nouveau mouvement nudo-naturiste structuré (1949 : fondation de la Fédération Française de Naturisme -FFN- et lancement d'un magazine grand public, «La Vie au Soleil», par Albert LECOCQ, disciple indépendant de KIENNE de MONGEOT), il se rangera au rythme bimestriel et le gardera jusqu'en 1963.
Il nous faudra donc un minimum de trois années années pleines pour «sortir» ces 412 numéros de 15 pages en moyenne. Mais bon, c'est parti !...

Pour guider le lecteur, nous essaierons de faire précéder chaque parution d'un mot d'introduction s'efforçant de souligner les idées-force et les informations les plus saillantes qui se dégagent de la série et qui caractérisent le mieux la «ligne» du Mouvement dans son évolution.
Moi-même et Julien WOLGA, pour la sensibilité «jeunes générations», nous nous attèlerons à ce travail de fouilles et de refondation. En espérant que parmi nos visiteuses et visiteurs, des vocations se manifesteront pour venir étoffer notre «équipe» et nous aider à tenir notre engagement...
Ainsi, peu à peu, disposerez-vous avec nous des «briques» nécessaires à la reprise du chantier d'édification de cette Cité Naturienne en panne depuis si longtemps. Il y a tellement urgence à la faire enfin «sortir de Terre» au rythme où, sur leur lancée aveugle, nos Sociétés se rapprochent du mur !...

Michel PIVERT
Président-fondateur de l'ANEP


[*] Nous rappellerons encore ici que si c'est à regret que nous abandonnons peu à peu l'épithète «naturiste» et le remplaçons par «naturien(ne)» nous avons au moins trois  bonnes raisons de le faire.

1/ Le mot «naturisme», à cause du «isme» final, renvoie à une notion d'idéologie et place aussitôt cet engagement dans la quête de la Vérité de la Vie sur le même plan que toutes les options existentielles dont regorge le Supermarché mondial des doctrines, des croyances, des systèmes, qui aveuglent et égarent l'Homme dans son aspiration au simple Bonheur de Vivre.

2/ Le qualificatif «naturiste» sert aujourd'hui de pudique cache-sexe à la plupart des pratiques sexuelles disons «hors-normes» qui s'étalent désormais au grand jour; à commencer par l'échangisme. Il n'est donc plus, hélas, un identifiant ...politiquement correct pour parler de ce qui est en cause ici.

3/ Au contraire de «naturien(ne)», le mot «naturiste» ne permet pas de différencier le féminin du masculin. Il est également trop abstrait et désincarné. Plus un simple signalement d'une adhésion à une idée alternative que d'un engagement existentiel concret et absolu dans un état d'être. Ceux qui habitent la Terre sont des terriens, pas des terristes !

[**] Autre intention : pouvoir mettre à la disposition de nos «visiteurs(euses)/lecteurs(trices)» des fac-similés au format d'origine (24 x 31) des numéros qu'ils/elles  désireraient avoir matériellement en main. Nous étudions actuellement le coût de cette opération et ses modalités de réalisation.



- o -

Coup d'envoi...
15 Mars 1926  : «VIVRE»  N° 1

Cliquez sur la couverture pour télécharger le dossier .zip

La guerre de 14-18 est close depuis à peine huit ans. Ses millions de jeunes gens «reposent» sous terre et l'on édifie partout des monuments aux «héros morts»... La Vie s'est affaissée sous un manteau de plomb...

Le besoin de repenser la manière d'être au Monde, le sens de l'existence, l'organisation sociale des communautés humaines, est ressenti dans tous les pays, dans toutes les tranches d'âge, comme l'urgence absolue. Surtout chez les plus jeunes et les rescapés.

Avec ce premier numéro, Marcel KIENNE de MONGEOT pose la première pierre en France de la réponse naturienne alors en cours d'élaboration dans toute l'Europe. «Notre titre,dit-il, c'est tout notre programme : Vivre !»
Et quel programme !
Vivre ! Oui, vivre! Et d'abord au plus près de notre héritage biogénétique, afin de pouvoir disposer et jouir d'un véhicule corporel aussi performant, maniable et durable que possible ! En même temps, au plus près aussi de nos aspirations ontologiques véritables; celles qui sont inscrites dans l'évolution de notre espèce. Bien au delà des simples pulsions animales. Aspirations au bonheur de se sentir exister, de jouir de la Vie, de partager cette jubilation avec nos semblables, dans la Conscience et dans l'Amour... Vivre encore au plus près de nos expériences vécues des bonnes et des mauvaises façons de mener notre existence quotidienne, afin  d'en  tirer des règles de conduite évidentes et bénéfiques. En se gardant parallèlement de nuire, sous quelque forme que ce soit, à soi-même, au autres, à la Planète... Dans une liberté d'adhésion authentique et joyeuse !
Et puis, à partir de ce viatique indépassable, se contenter d'accompagner la Nature dans son patient travail d'évolution vers le plus haut de son potentiel d'épanouissement. Sans négliger aucune de ses dimensions: corporelles, émotionnelles,intellectuelles, érotiques, artistiques, spirituelles...
Retrouver ainsi une voie de communion harmonieuse avec tout notre biotope; en gardant conscience de l'impact de nos comportements individuels et collectifs sur lui.
Enfin, replacer la «Culture» dans le droit-fil de la logique du Vivant, en veillant à ce qu'elle ne l'entrave pas, qu'elle ne le détourne pas vers des voies dégradantes et mortifères sans issue.

Ce premier numéro est comme une fenêtre vivifiante ouverte sur une nouvelle espérance !

samedi 23 juin 2012

Numérisation en cours...

Ça y est, le grand chantier de numérisation de l'ensemble des parutions de "Vivre" (Vivre, Vivre intégralement, Vivre d'Abord! etc.) éditée par Marcel Kienné de Mongeot a démarré.

lundi 11 juin 2012

Nudisme, pourquoi pas?

Un petit livre d'une 40aine de pages pour expliquer le pourquoi du comment de la nudité dans le naturisme.
Il date de 1963... mais a t'on fait mieux depuis?














Publié aux éditions de la Vie au Soleil en 1963