L'
ANEP (Association Naturienne[*] pour l'Epanouissement et la
Plénitude de la Vie), l'association officielle qui anime ce blog, s'est
constituée en 1986 autour de l'équipe rédactionnelle du magazine «La Vie
au Soleil». Après avoir remis à flot ce média «historique» du Mouvement
Naturiste fédéré, elle avait été évincée par un énième repreneur
politiquement suspect (très proche du Front National).
Dès sa fondation, notre but a été de «
restaurer,
élargir et actualiser le concept de «naturisme» afin de disposer, au
seuil du troisième millénaire, d'un projet novateur de culture humaine intégrale, de convivialité et de civilisation, acceptable par le plus grand nombre».
Et
comme il est avéré qu'on ne peut efficacement se projeter vers l'avenir
si l'on néglige de prendre appui avec réalisme sur le présent et sur ce
qui l'a généré, c'est à dire ce «
présent dépassé» qu'on appelle amnésiquement «le passé», je me suis tout particulièrement attaché à rassembler
la mémoire
de tout ce qui avait été pensé et expérimenté depuis les origines à
propos de cette féconde alternative existentielle et culturelle qu'est,
dans l'esprit, le Naturisme [*]. Notamment dans sa forme la plus
holistique et avancée du
Gymnisme (du grec
gumnos : nu).
Qu'on
ne se méprenne pas, il n'était pas question d'accumuler des «archives»,
vite empoussiérées et décrépies. Mais bien, dans mon esprit, de se
donner les moyens d'aller
explorer les racines de cette pulsion
de Vie qui, par bonheur, résiste depuis l'aube des Temps historiques à
toutes les tentatives d'étouffement ou de déroutement que les «
bâtisseurs de Sociétés», les idéologues et autres forgerons de dogmes, ont tenté d'imposer ces derniers millénaires au
cours de l'Évolution.
Étant bien évident que si celle-ci, depuis quelques millions d'années,
tente manifestement de passer par cette forme complexe et avancée qu'est
l'être humain, elle n'en suit pas moins un
cheminement constant, par delà les espèces qu'elle a successivement engendrées et privilégiées,
vers plus de Conscience, plus d'Intelligence, plus de Créativité, plus de Socialité, et surtout, en dépit de
ratées abominables,
vers plus d'Amour !
Cette
exploration m'a fait prendre conscience, de fil en aiguille, que les
épisodes d'insoumission de cette «pulsion de Vie» rebelle n'étaient pas
propres à notre époque moderne. Celle-ci, pourtant, bat tous les records
historiques en force de répression; ou, plus machiavéliquement, depuis
la mise au point de subtiles techniques de
manipulation mentale, en moyens de
détournement.
A quelque niveau qu'elle tente de se manifester: physiologique,
érotique, spirituel...Là où précisément elle présente le plus de risques
de faire bouger les lignes des «ordres sociaux» établis. Et ce, en
dépit d' apparences trompeuses savamment orchestrées par toute la Cour
des prébendiers du Système !
De tout temps, aussi loin
que puisse se porter le regard, des expressions vigoureuses de refus de
tous les carcans, des revendications massives de libertés élémentaires,
ont jalonné l'Histoire. Et, en dépit des persécutions, elle les a
malgré tout et heureusement, presque toutes consignées ! Surtout dans
les périodes où des «normalisations» particulièrement abusives et
contraignantes s'efforçaient de mettre en cage telle ou telle manière
naturelle
d' «être au monde». Et ces reniements organisés par les «pouvoirs» en
place, avaient presque toujours trait au corps, à sa nudité, aux
diverses expressions de sa vitalité. Ainsi, au Bas Moyen-Age, les
Adamites, les
Frères et Sœurs du Libre Esprit, parmi bien d'autres, en portent spectaculairement témoignage.
Le Naturisme, notamment dans sa forme
gymnique, s'inscrit manifestement dans cette ligne comme la ré-émergence moderne de ce courant éternel de
résistances essentielles, consubstantiel à la Vie et sous-jacent à l'Histoire de toute l'Humanité.
C'est
bien pourquoi il déchaîne contre lui tant de haine et de vindicte
unanimes de la part des «autorités» instituées, laïques comme
religieuses -quelqu'en soient les fondements idéologiques ou «culturels»
!- qui tiennent en main les cordons de la camisole de force où suffoque
la Vie en l'Homme ! Pour le «profit» quasi-exclusif d'une classe
parasite (devenue hélas aujourd'hui planétaire !), obnubilée par les
seuls «attraits» matérialistes et quantitatifs de l'existence.
Notre entreprise est donc claire.
Elle tient en quelques objectifs : suivre à la trace cette révolte
latente à travers les âges et les cultures; en contre-point, identifier
les déviances-clés qui en sont la cause; à partir de cette information,
tenter de dégager par où, en l'Homme, passe la
voie naturelle de l'Evolution;
suggérer les réformes existentielles individuelles et sociétales
susceptibles de nous en faciliter le rapprochement; parallèlement, créer
ou encourager des
espaces du quotidien où ce retour au Sens primordial de la Vie puisse se vivre réellement et pleinement.
Ce
n'est donc pas gratuitement ni à titre purement «documentaire» que nous
entreprenons aujourd'hui la mise en ligne de nos collections. A
commencer par la plus novatrice et fondatrice de toutes, celle de la
revue du Père du mouvement naturo-gymnique en France (Marcel KIENNE de
MONGEOT) : «
Vivre d'Abord !».
Au fil de ces 412 numéros
(le premier sorti le 15 Mars 1926, le dernier le 15 Mars 1962), nous
découvrirons ensemble le cheminement d'une pensée qui se proposait de
«mettre des mots» sur tous les aspects de cette aspiration viscérale au
«vivre». Pensée d'une brûlante actualité au seuil de la plus explosive
crise qu'auront jamais connue les Sociétés humaines et qu'essaye de
temps à autre, parfois avec une insigne ignorance et beaucoup de
maladresse, de maintenir à flot le Mouvement Naturiste officiel.
Les
textes publiés vous feront rencontrer des «plumes» qui ont eu leur
temps de notoriété à l'époque: beaucoup d'auteurs littéraires, beaucoup
de médecins, beaucoup d'acteurs de la vie sociale, artistique et
culturelle du moment. Vous ne manquerez pas de remarquer qu'aucun
n'éprouvait de honte à parler ouvertement de nudité, de sensualité, de
beauté, de sexualité, de réforme des mœurs et des codes sociétaux !...
Jamais de «pseudos», comme de nos jours où, a contrario de la prétendue
«transparence» des réseaux sociaux, bien peu de «communicants» osent
s'afficher à visage découvert sur des sujets réputés «délicats». Les
Anonymus, on ne connaissait pas !
A
ce propos, nous venons d'apprendre que l'Ordre des Médecins, hier en
pointe dans la défense et l'illustration des options naturistes
(gymnisme compris), sanctionne désormais ceux de ses adhérents qui
auraient l'audace de signer de leur nom de praticien tout le bien qu'ils
pourraient encore avoir envie de dire à leur égard...
Vous
serez également étonnés de la «jeunesse», de l'universalité et de la
permanence des analyses et des thèses soutenues. Comme quoi, il y a bien
un
éternel humain qui transcende toutes les pseudo-modernités,
toutes les races, toutes les cultures, tous les niveaux de savoir et de
technologie...
Et c'est bien pour refonder la pensée
naturiste sur les constantes incontournables de la Vie et du phénomène
humain que nous entreprenons cette diffusion. A «
Vivre d'Abord !», nous appelons cela les
fondamentaux du Naturisme...
Nous
essaierons de nous en tenir au rythme d'une série par mois; chacune
portant sur une dizaine de numéros[**]. En effet, la périodicité de «
Vivre»
a été variable. L'année calendaire a vu fluctuer le nombre de numéros
de 4 à 24 au cours des 26 années d'existence du magazine... Ainsi fut-il
d'abord mensuel de 1926 à 1928 (période de lancement des idées et des
options naturistes auprès du Public). Puis, il devint bimensuel de 1929 à
1935 (montée en puissance du mouvement dans toutes les classes
sociales). Pour redevenir mensuel jusqu'en 1939 (avec la Crise, les
consensus sociaux tendaient à se fissurer). A sa reparution au Printemps
1946 et jusqu'à fin 49, il se cherchera dans la trimestrialité. Mais
avec la renaissance d'un nouveau mouvement nudo-naturiste structuré
(1949 : fondation de la Fédération Française de Naturisme -FFN- et
lancement d'un magazine grand public, «
La Vie au Soleil», par
Albert LECOCQ, disciple indépendant de KIENNE de MONGEOT), il se rangera
au rythme bimestriel et le gardera jusqu'en 1963.
Il nous faudra
donc un minimum de trois années années pleines pour «sortir» ces 412
numéros de 15 pages en moyenne. Mais bon, c'est parti !...
Pour
guider le lecteur, nous essaierons de faire précéder chaque parution
d'un mot d'introduction s'efforçant de souligner les idées-force et les
informations les plus saillantes qui se dégagent de la série et qui
caractérisent le mieux la «ligne» du Mouvement dans son évolution.
Moi-même
et Julien WOLGA, pour la sensibilité «jeunes générations», nous nous
attèlerons à ce travail de fouilles et de refondation. En espérant que
parmi nos visiteuses et visiteurs, des vocations se manifesteront pour
venir étoffer notre «équipe» et nous aider à tenir notre engagement...
Ainsi, peu à peu, disposerez-vous avec nous des «briques» nécessaires à la reprise du chantier d'édification de cette
Cité Naturienne
en panne depuis si longtemps. Il y a tellement urgence à la faire enfin
«sortir de Terre» au rythme où, sur leur lancée aveugle, nos Sociétés
se rapprochent du mur !...
Michel PIVERT
Président-fondateur de l'ANEP
[*]
Nous rappellerons encore ici que si c'est à regret que nous abandonnons
peu à peu l'épithète «naturiste» et le remplaçons par «naturien(ne)»
nous avons au moins trois bonnes raisons de le faire.
1/ Le mot
«naturisme», à cause du «isme» final, renvoie à une notion d'idéologie
et place aussitôt cet engagement dans la quête de la Vérité de la Vie
sur le même plan que toutes les options existentielles dont regorge le
Supermarché mondial des doctrines, des croyances, des systèmes, qui
aveuglent et égarent l'Homme dans son aspiration au simple Bonheur de
Vivre.
2/ Le qualificatif «naturiste» sert aujourd'hui de pudique
cache-sexe à la plupart des pratiques sexuelles disons «hors-normes»
qui s'étalent désormais au grand jour; à commencer par l'échangisme. Il
n'est donc plus, hélas, un identifiant ...politiquement correct pour
parler de ce qui est en cause ici.
3/ Au contraire de
«naturien(ne)», le mot «naturiste» ne permet pas de différencier le
féminin du masculin. Il est également trop abstrait et désincarné. Plus
un simple signalement d'une adhésion à une idée alternative que d'un
engagement existentiel concret et absolu dans un état d'être. Ceux qui
habitent la Terre sont des terriens, pas des terristes !
[**]
Autre intention : pouvoir mettre à la disposition de nos
«visiteurs(euses)/lecteurs(trices)» des fac-similés au format d'origine
(24 x 31) des numéros qu'ils/elles désireraient avoir matériellement en
main. Nous étudions actuellement le coût de cette opération et ses
modalités de réalisation.
- o -
Coup d'envoi...
15 Mars 1926 : «VIVRE» N° 1
La guerre de 14-18 est close depuis à
peine huit ans. Ses millions de jeunes gens «reposent» sous terre et
l'on édifie partout des monuments aux «héros morts»... La Vie s'est
affaissée sous un manteau de plomb...
Le besoin de repenser la
manière d'être au Monde,
le sens de l'existence, l'organisation sociale des communautés
humaines, est ressenti dans tous les pays, dans toutes les tranches
d'âge, comme l'urgence absolue. Surtout chez les plus jeunes et les
rescapés.
Avec ce premier numéro, Marcel KIENNE de
MONGEOT pose la première pierre en France de la réponse naturienne alors
en cours d'élaboration dans toute l'Europe. «
Notre titre,dit-il,
c'est tout notre programme : Vivre !»
Et quel programme !
Vivre ! Oui, vivre! Et d'abord au plus près de notre héritage biogénétique, afin de pouvoir disposer et jouir d'un
véhicule corporel aussi performant, maniable et durable que possible ! En même temps, au plus près aussi de nos aspirations
ontologiques
véritables; celles qui sont inscrites dans l'évolution de notre espèce.
Bien au delà des simples pulsions animales. Aspirations au bonheur de
se sentir exister, de jouir de la Vie, de partager cette jubilation avec
nos semblables, dans la Conscience et dans l'Amour... Vivre encore au
plus près de nos expériences vécues des bonnes et des mauvaises façons
de mener notre existence quotidienne, afin d'en tirer des règles de
conduite évidentes et bénéfiques. En se gardant parallèlement de nuire,
sous quelque forme que ce soit, à soi-même, au autres, à la Planète...
Dans une liberté d'adhésion authentique et joyeuse !
Et puis, à
partir de ce viatique indépassable, se contenter d'accompagner la Nature
dans son patient travail d'évolution vers le plus haut de son potentiel
d'épanouissement. Sans négliger aucune de ses dimensions: corporelles,
émotionnelles,intellectuelles, érotiques, artistiques, spirituelles...
Retrouver
ainsi une voie de communion harmonieuse avec tout notre biotope; en
gardant conscience de l'impact de nos comportements individuels et
collectifs sur lui.
Enfin, replacer la «Culture» dans le droit-fil
de la logique du Vivant, en veillant à ce qu'elle ne l'entrave pas,
qu'elle ne le détourne pas vers des voies dégradantes et mortifères sans
issue.
Ce premier numéro est comme une fenêtre vivifiante ouverte sur une nouvelle espérance !
M.P.
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